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    Amour, divin rôdeur

    Amour, divin rôdeur, glissant entre les âmes,
    Sans te voir de mes yeux, je reconnais tes flammes.
    Inquiets des lueurs qui brûlent dans les airs,
    Tous les regards errants sont pleins de tes éclairs...
    C'est lui ! Sauve qui peut ! Voici venir les larmes !...
    Ce n'est pas tout d'aimer, l'amour porte des armes.
    C'est le roi, c'est le maître, et, pour le désarmer,
    Il faut plaire à l'Amour : ce n'est pas tout d'aimer !



    La lune des fleurs

    Nocturne


    Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne !
    Je ne sais quel orage a passé sur ces bords.
    Des chants de l'espérance il éteint les accords,
    Et dans la nuit qui m'environne,
    Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne.
    Jette-moi tes présents, lune mystérieuse,
    De mon front qui pâlit ranime les couleurs ;
    J'ai perdu ma couronne et j'ai trouvé des pleurs ;
    Loin de la foule curieuse,
    Jette-moi tes présents, lune mystérieuse.
    Entrouvre d'un rayon les noires violettes,
    Douces comme les yeux du séduisant amour.
    Tes humides baisers hâteront leur retour.
    Pour cacher mes larmes muettes,
    Entrouvre d'un rayon les noires violettes !

    Marceline DESBORDES-VALMORE (1786-1859)
    (Recueil : Poésies inédites)

     
    Se sont des poèmes que Sab m'a passé ainsi que les musiques et images.Je mets le tout comme je le sens ,j'éspère que tu seras contente quand tu reviendras pour m'aider sur le blog.Gros bisous my little fay

    Bien à vous 'Phil'

     



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  • Pour toi ;)
    L’Étoile du matin
     
    Lorsque tu souris à la terre,
    Brillante étoile du matin,
    Amant du calme et du mystère,
    Que de fois je viens solitaire
    Rêver à ton rayon lointain.
    Marchant silencieux dans l'ombre,
    Loin de tous les regards jaloux,
    J'erre au hasard ainsi qu'une ombre,
    Au reflet pâlissant et sombre
    Dont se revêt ton front si doux.

    Que j'aime à baigner ma paupière
    Dans la molle et faible clarté,
    Dans la vaporeuse lumière,
    Dont tu remplis en ta carrière
    Le vide de l'immensité !
    Quand mon triste regard se lève
    Pour te voir dans le firmament,
    Dans mon sein ta lumière élève
    Le vague enchantement d'un rêve,
    Dont s’abreuve mon coeur aimant.

    Je crois voir la céleste image
    D'un ange au front candide et pur,
    Comme une sylphide volage,
    Se bercer au sein d'un nuage
    Dont ses pieds effleurent l'azur.
    Je crois voit, l'amoureux Zéphyre
    Sur ses pas divins voltiger;
    Et, plein du charme qui l'attire,
    La caresser dans son délire
    De son souffle doux et léger;

    Puis, de son haleine amoureuse,
    Soulevant des plis onduleux,
    Fuir sous sa robe. vaporeuse,
    Que l'étoile mystérieuse
    Blanchit mollement de ses feux.
    Descends, descends, forme angélique,
    Descends, bel ange de bonheur,
    Et sur mon front mélancolique
    Viens ouvrir ton aile pudique
    Et te reposer sur mon coeur !

    C'est l'heure où le zéphyr s'envole
    Et se balance auprès des fleurs,
    Pour murmurer dans leur corolle
    Sa voluptueuse parole
    Et s'enivrer de leurs odeurs.
    C'est l'heure où la brise plaintive
    Caresse les rameaux des bois;
    Où l'onde errante et fugitive,
    Baisant le gazon de sa rive,
    Élève une amoureuse voix;

    Où la timide tourterelle,
    D'un oeil entr'ouvert et charmé,
    Regarde sommeiller près d'elle
    Et voile du bout de son aile
    Le front blanc de son bien-aimé;
    Où, s'appuyant calme et charmante
    Sur ses bras mollement posés ,
    Ivre d'amour, la jeune amante
    Répand sur une bouche aimante
    Le plus doux miel de ses baisers.

    C'est l’heure où l'onde qui murmure,
    Où le Zéphyr et la beauté ,
    Où la fleur odorante et pure,
    Où tout enfin dans la nature
    Semble frémir de volupté.
    Et moi dont l'âme surabonde
    D’un céleste parfum d'amour,
    Je n’ai pas un coeur dans ce monde
    Où reposer ma tête blonde,
    Qu'inclinent les ennuis du jour!
    Descends, descends, forme angélique,
    Descends, bel ange de bonheur;
    Et sur mon front mélancolique
    Viens ouvrir ton aile pudique
    Et te reposer sur mon coeur !
     

    L’ange de l’étoile du matin

    " Viens, lui dit-il, je te montrerai
    Les beaux vallons et les bois secrets
    Où vivent encore, en d'autres rêves,
    Les esprits subtils
    De la terre. "

    Elle étendit le bras, et rit,
    Regardant entre ses cils
    L'ange en flamme dans le soleil,
    Et le suivit en silence.

    Et l'ange, tandis qu'ils allaient
    Vers les ombreux bosquets,
    L'enlaçait, et posait
    Dans ses clairs cheveux plus longs que ses ailes,
    Des fleurs qu'il cueillait
    Aux branches au-dessus d'Elle.

    Charles Vanlerberghe


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  • La sainte Bohème

    Par le chemin des vers luisants,
    De gais amis à l'âme fière
    Passent aux bords de la rivière

    Avec des filles de seize ans.
    Beaux de tournure et de visage,
    Ils ravissent le paysage
    De leurs vêtements irisés
    Comme de vertes demoiselles,
    Et ce refrain, qui bat des ailes,
    Se mêle au vol de leurs baisers :

    Avec nous l'on chante et l'on aime,
    Nous sommes frères des oiseaux.
    Croissez, grands lys, chantez, ruisseaux,
    Et vive la sainte Bohème !

    Fronts hâlés par l'été vermeil,
    Salut, bohèmes en délire !
    Fils du ciseau, fils de la lyre,
    Prunelles pleines de soleil !
    L'aîné de notre race antique
    C'est toi, vagabond de l'Attique,
    Fou qui vécus sans feu ni lieu,
    Ivre de vin et de génie,
    Le front tout barbouillé de lie
    Et parfumé du sang d'un dieu !

    Avec nous l'on chante et l'on aime,
    Nous sommes frères des oiseaux.
    Croissez, grands lys, chantez, ruisseaux,
    Et vive la sainte Bohème !

    Pour orner les fouillis charmants
    De vos tresses aventureuses,
    Dites, les pâles amoureuses,
    Faut-il des lys de diamants ?
    Si nous manquons de pierreries
    Pour parer de flammes fleuries
    Ces flots couleur d'or et de miel,
    Nous irons, voyageurs étranges,
    Jusque sous les talons des anges
    Décrocher les astres du ciel !

    Avec nous l'on chante et l'on aime,
    Nous sommes frères des oiseaux.
    Croissez, grands lys, chantez, ruisseaux,
    Et vive la sainte Bohème !

    Buvons au problème inconnu
    Et buvons à la beauté blonde,
    Et, comme les jardins du monde,
    Donnons tout au premier venu !
    Un jour nous verrons les esclaves
    Sourire à leurs vieilles entraves,
    Et, les bras enfin déliés,
    L'univers couronné de roses,
    Dans la sérénité des choses
    Boire aux dieux réconciliés !

    Avec nous l'on chante et l'on aime,
    Nous sommes frères des oiseaux.
    Croissez, grands lys, chantez, ruisseaux,
    Et vive la sainte Bohème !

    Nous qui n'avons pas peur de Dieu
    Comme l'égoïste en démence,
    Au-dessus de la ville immense
    Regardons gaîment le ciel bleu !
    Nous mourrons ! mais, ô souveraine !
    Ô mère ! ô Nature sereine !
    Que glorifiaient tous nos sens,
    Tu prendras nos cendres inertes
    Pour en faire des forêts vertes
    Et des bouquets resplendissants !

    Avec nous l'on chante et l'on aime,
    Nous sommes frères des oiseaux.
    Croissez, grands lys, chantez, ruisseaux,
    Et vive la sainte Bohème !

    Théodore de Banville

    Recueil : odes funambulesques



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