• Soir de SAMAIN

    Ce soir-là, pas de ménage,
    Qui pourrait déranger les Sages,
    Le perron doit rester intact
    Pour ne pas subir d'impacts !
    Esprits malins, ou dames blanches
    S'attroupent pour vous mettre en transes !
    Préparez aiguillées effilées,
    Pour piquer fantômes et farfadets !
    Veille de la première année Celte,
    Tout doit préparer en accueillir ces êtres !
    Les jeunes filles mettent des noix,
    Devant l'âtre, pour attendre leur roi,
    Morts et vivants se confondent
    Ensemble dansent de vives rondes !
    Des masures de bois délabrées
    Montent soudain d'étranges fumées,

    Les citrouilles rient par les bougies allumées
    Dans le creuset par les humains formé !
    Jack O' Lantern passera cette nuit,
    Enfants, cachez-vous dans des trous de souris !
    Les ombres passent dans les fourrés
    Evitez les empuses des marais !
    Les succubes à minuit attendent
    Pour saigner leurs victimes tendres !
    Baba Yaga, sorcière russe
    Sur son chaudron dans le ciel fuse,
    El la Befana vous rit au nez
    Du haut de son agile balai !
    Courrez, courrez près des pierres levées,
    Elles seules peuvent vous protéger,
    Si encore vous croyez
    Aux bénéfiques présences des forêts !

    Catherine Escarras


    Samain

    La nuit est froide et douce
    Les récoltes ne gèleront pas,
    Les ancêtres sont la qui sourient,
    L'hiver s'approche a grands pas.
    Dans la nuit azurée,
    La lune nous tend la main
    Comme pour mesurer
    L'ampleur de notre Foi!

    Catherine Escarras




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    Ô bel oeil de la nuit, ô la fille argentée
    Et la soeur du soleil et la mère des mois,
    O princesse des monts, des fleuves et des bois,
    Dont la triple puissance en tous lieux est vantée.
    Puisque tu es, déesse, au plus bas ciel montée,
    D'où les piteux regrets des amants tu reçois,
    Dis, lune au front cornu, as-tu vu quelquefois
    Une âme qui d'amour fût si fort tourmentée ?
    Si doncques ma douleur vient ton corps émouvoir,
    Tu me peux secourir ; ayant en ton pouvoir
    Des songes emplumés la bande charmeresse.
    Choisis l'un d'entre tous qui les maux d'un amant
    Sache mieux contrefaire, et l'envoie en dormant
    Représenter ma peine à ma fière maîtresse.

     Jean PASSERAT (1534-1602)


  • Les bras nus cerclés d'or et froissant le brocart
    De sa robe argentée aux taillis d'aubépines,
    Mélusine apparaît entre les herbes fines,
    Les cheveux révoltés, saignante et l'oeil hagard.

    La splendeur de sa gorge éblouit le regard
    Et l'émail de ses dents a des clartés divines ;
    Mais Mélusine est folle et fait dans les ravines
    Paître au pied des sapins la biche et le brocart.

    Depuis cent ans qu'elle erre au pied des arbres fées,
    Elle est fée elle-mème ; un charme étrange et doux
    La fait suivre à minuit des renards et des loups.

    Ses yeux au ciel nocturne enchantent les hiboux,
    Et près d'elle, érigeant ses fleurs en clairs trophées,
    Jaillit un glaïeul rose à feuillage de houx.

    Jean LORRAIN (1855-1906)
    (Recueil : L'ombre ardente)




     




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