• Homme qui court…
    Le poème de Koren

    Homme, qui court encore toujours,
    Et fuit la nuit pour la lumière du jour…

    Vois quel être chanceux tu es !
    Nimbé par la lumière de Séléné,
    Sœur d’Hélios et belle déesse.

    Béni par Artémis, radieuse chasseresse
    Amante de nos bois et montagnes.
    Du coureur, les deux si douces compagnes…

    Ton rêve : rejoindre Pégase, le coursier
    Ailé. Rapide et inlassable mais non bridé.
    Tu oses et cours, léger telle la créature :
    Quelle félicité ! parce que ton âme est pure…

    Hélios est lui, l’astre de Lumière !
    Il t’éclaire, te réchauffe mon frère,
    Quand au matin, la divine Séléné
    S’efface, en quête de son berger.

    Apollon, fier et fougueux jeune homme,
    Impose sa Vérité, peu lui importe la forme.
    Musicien, il devient et joue de sa lyre dorée,
    Médecin, par besoin quand tu veux implorer.

    En vérité, l’ardent Phébus sèmerait le malheur.
    Et si par chance tu es l’élu, ferait ton bonheur.
    Puisqu’en lui, ne le sais-tu ? Nulle ombre demeure.

    Il est impitoyable et brutal, doux parfois rêveur !
    Faut-il le suivre, l’aimer ou en avoir peur ?
    Coureurs, nous sommes ses humbles serviteurs

    Pour avoir osé un jour de course, goûter
    À Castalie. Oh ! Fontaine sacrée de la Vérité.

    L'Ode à Sélène, de Messire Fingolfin, (Caern-Sidhe)

    Alors que la nuit s'élève,
    Et que le jour s'achève.

    Voila que dans le noir s'éveille Sélène,
    Rayonnante par son âme amène !

    Mais tout aussi drapée de mystère,
    Car elle ne fait souvent que se taire !

    La brume est son manteau,
    Et la nuit son berceau.

    Gardienne des voleurs et des oubliés,
    Déesse des impuissants, mais aussi des rusés,

    C'est de toi dont je suis amoureux,
    Même maintenant devenus vieux.

    Car d'un seul regard, dans tes filets,
    Je me suis perdu pour l'éternité.

     


    La ballade des sélènites

    Qui êtes-vous enfants de la nuit,
    vous qui sortez quand la lune luit ?
    Qui êtes-vous enfants du soir,
    vous qui sortez quand la lune est noire?

    Doit-on craindre ces noctambules,
    sortant la nuit comme des somnambules ?
    Doit-on aimer tous ces noctambules
    marchant la nuit comme des funambules ?


    Vous qui portez le manteau de la nuit,
    est-ce par bonté ou par infamie ?
    Pourquoi le jour, ne voulez vous montrez,
    est-ce un secret que vous dissimulez ?

    Qui êtes-vous enfants de la nuit,
    vous qui sortez quand la lune luit ?
    Qui êtes-vous enfants du soir,
    vous qui sortez quand la lune est noire?

    Vous qui diffusez cadeaux la journée
    aux mendiants et autres miséreux
    la nuit ou allez-vous les trouver
    pour être ainsi aussi généreux ?

    Prêtres, mendiants ou vagabonds,
    samaritains, voleurs ou bouffons,
    une famille, vous n'en former qu'une
    tous ensemble à vénérer la lune.

    Qui êtes-vous enfants de la nuit,
    vous qui sortez quand la lune luit ?
    Qui êtes-vous enfants du soir,
    vous qui sortez quand la lune est noire?

    Olgir


  • Brigit

    La mythologie celtique présente la particularité de n’avoir qu’un unique principe divin féminin. Connue sous les noms de Brigit, Brigantia, elle est, schématiquement, à la fois la mère, l’épouse, la sœur et la fille des autres dieux. Son nom se trouve sous différentes graphies, et elle se manifeste sous la forme d’innombrables avatars.


    Brigit / Brigantia est souvent comparée à la Minerve des Romains, dont elle partage un certain nombre de fonctions. Elle est la déesse-mère, elle règne sur les arts, la guerre, la magie et la médecine. Elle est la patronne des druides, des bardes (poètes), des vates (divination et médecine) et des forgerons.
    En Irlande, Brigit est la fille du Dagda, elle est aussi la mère, l’épouse et la sœur de Lug, Dagda, Ogme, Nuada, Diancecht et Mac Oc, les dieux des Tuatha Dé Danann. Elle est associée à la fête d’Imbolc, la purification du 1er février, censée protégée les troupeaux et favoriser la fécondité. L’importance de son culte chez les Celtes a conduit les évangélisateurs chrétiens à lui substituer une sainte dont elle devient l’éponyme, sainte Brigitte.
    Brigantia se retrouve notamment dans le noms des peuples des Brigantes (actuels territoires du Yorkshire et du Northumberland) et des Brigantii (près du lac de Constance), dont la capitale Brigantion (Bregenz) est de même origine ; idem pour Briançon. En Gaule, son avatar Épona lui confère un rôle psychopompe évident.
     
    Étymologie
    Les théonymes Brigit et Brigantia dérivent de l’ancien celtique (certains disent proto-celtique) « brigantija » ou « brigantis » dont le sens est « très haute », « très élevée ». L’origine est le mot « Briga » (hauteur, forteresse) qui, utilisé comme préfixe, a donné de nombreux toponymes tant dans l’espace insulaire, qu’en Gaule et dans la péninsule ibérique. Il est aussi présent dans la composition du nom de certains peuples.
    Cette signification confirme le rôle primordial de cette déesse.

    Les différentes graphies
    Bretagne armoricaine : Brigantis.
    Écosse : Brid, Bride.
    Gaule : Berecyntia, Brig, Brigandu, Brigantia.
    Irlande : Brig, Brigid, Brigh, Brighit.
    Pays de Galles : Brigid.
    Suisse : Brigindo. .

    Principaux avatars
    Dans la littérature mythique et dans la toponymie, différentes déités importantes en sont les émanations :
    Ana (Anu, Dana, Danu, Don)
    Belisama
    Boand (Boann)
    Damona
    Épona
    Étaín
    Eithne
    Morrigan
    Rhiannon (Rigantona)
    Rosemerta



  • Dans la mythologie celtique irlandaise, Les Tuatha Dé Dânann (gens de la déesse Dana) sont des dieux qui viennent de quatre îles du nord du monde : Falias, Gorias, Finias et Murias ; de ces villes mythiques ils apportent quatre talismans : la lance de Lug, l’épée de Nuada, le chaudron et la massue de Dagda et la pierre de Fal.
    Quand les Tuatha Dé Dânann arrivent en Irlande, le jour de la fête de Beltaine, l’île est occupée par les Fir Bolg qui vont être vaincus lors du « Cath Maighe Tuireadh » (la Bataille de Mag Tuireadh) (c’est la troisième conquête).
    Les Tuatha Dé Dânann que l’on retrouve dans nombre de récits sont le peuple mythique de l’Irlande, mais pas exclusivement puisqu’ils se retrouvent, sous des formes différentes et généralement d'autres noms, dans tout le monde celtique. Ce sont des dieux, des déesses, des héros, des magiciennes (Bansidh). Ils maîtrisent le Druidisme, le Savoir et les Arts. Manannan Mac Lir leur fournit des cochons magiques qui confèrent l’immortalité. Mais face aux Milesiens, ils doivent se replier dans le Sidh. Il est à noter que les dieux s’effacent devant les humains, puisque les « fils de Mile » sont les Gaèls.
    Leurs trois druides primordiaux sont Eoloas (Connaissance), Fiss (Savoir) et Fochmarc (Recherche).

    Hiérarchie des principaux dieux
    - hors classe :
    Lug Samildanach (dieu primordial)
    - fonction sacerdotale :
    Dagda (dieu-druide)
    - fonction guerrière :
    Ogme (dieu de la magie guerrière)
    Nuada (royauté)
    - fonction artisanale :
    Goibniu (dieu forgeron)
    Credne (dieu bronzier)
    Luchta (dieu charpentier)
    - participent aux trois fonctions :
    Diancecht (dieu-médecin) père de Airmed, Miach et Oirmiach
    Mac Oc ou Oengus (jeunesse)
    - déesse unique connue sous les formes :
    Brigit (déesse des poètes, des forgerons et des médecins)
    Étain ou Eithne (reine d’Irlande, mère de tous les dieux)
    Boand (autre nom de Brigit, déesse éponymique de la Boyne)
    Mórrígan (déesse guerrière, ou bien de la souveraineté)
     
    Classes et fonctions
    Cette hiérarchie mythique respecte l’idéologie tripartite des Indo-européens telle qu’elle a été définie par Georges Dumézil. L’organisation se compose de classes auxquelles correspondent des fonctions :
    une première classe sacerdotale qui a en charge le religieux et le sacré,
    une deuxième classe guerrière pour la guerre et la magie,
    une troisième classe artisanale qui doit produire tout ce dont la société a besoin.
    Lug Samildanach (Dieu primordial) est hors classe puisqu’il assume potentiellement toutes les fonctions.


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    "Non Nobis Domine, Non Nobis,
    Sed Nomini Tuo Da Gloriam."
    "Non pour nous, Seigneur, non pour nous,
    mais pour la gloire de ton nom."
    Les templiers m'ont toujours interressés de prés que ça soit sur le point  historique et sur le point ésotérique. Les templiers et leurs mystères me fascinent surtout un maitre " Jacques de Molay" .Sur le premier article je mets le coté historique qui j'espère vous interresseras .Qd ont mets son nez dedans , difficile d'en sortir ...
    L'Ordre du Temple ou Ordre des Templiers était un ordre religieux et militaire qui fut créé lors des Croisades. Fondé en 1118, il disparaît en 1312.

    Fondation de l'Ordre du Temple

    En 1118, neuf chevaliers francs, menés par Hugues de Payns offrent à Baudouin II, roi de Jérusalem de créer un ordre militaire qui protégerait les pèlerins, sous le nom de « Pauvres chevaliers du Christ ». Le roi leur accorde une résidence dans son palais situé sur le site de l'ancien Temple de Salomon ,aujourd'hui recouvert par la Mosquée Al-Aqsa , et leur nom évolue en « chevaliers du Temple » puis en Templiers. L'ordre est officialisé par la bulle pontificale Omne datum optimum le 29 mars 1139.

    Particularités des Templiers.

    L'ordre des Templiers accueillait les jeunes nobles désireux de s'investir dans la défense de la foi chrétienne au Moyen-Orient. Il formait un ordre militaire à la hiérarchie très stricte. Ses membres faisaient vœu de pauvreté, d'obéissance et de chasteté. Ils abandonnaient à l'ordre toutes leurs possessions et héritages. Ils partageaient leur existence austère entre la prière et la guerre et devinrent de fins connaisseurs des mœurs et coutumes guerrières du Moyen-Orient : très riche, l'ordre fit bâtir de nombreuses forteresses indépendantes, les kraks, mi-couvents, mi forteresses. Ils firent également bâtir un réseau de commanderies à travers tous les pays de la Chrétienté à fins de recrutement. Ils se vêtaient simplement et passaient par-dessus leurs effets une robe blanche frappée d'une croix rouge. Leur fortune, leur état d'intermédiaires entre l'Orient et l'Occident, leur découverte de nouvelles pratiques les conduisirent peu à peu à se transformer en financiers et banquiers prospères et à s'éloigner de leur mission première...

    L'origine de la nouvelle théologie de la guerre

    L'ordre du Temple n'avait rien à voir avec un autre ordre religieux. Ses privilèges étaient exorbitants, qu'il s'agît du pouvoir de décision (l'ordre était autonome et ne répondait qu'au pape), d'organisation ou de pouvoir militaire. Cela posait d'ailleur un redoutable problème : ne devait-on pas considérer qu'il y avait incompatibilité entre les fonctions de moine et de soldat ? Le christianisme primitif était souvent vu comme condamnant toute guerre ou toute violence. Les théologiens ont donc trouvé une autre interprétation au message de l'évangile afin de justifier les actes guerriers. Saint Juste fut sans doute le premier à élaborer une théologie de la guerre juste en écrivant :
    « Le soldat qui tue l'ennemi, comme le juge et le bourreau qui exécutent un criminel, je ne crois pas qu'ils pèchent, car en agissant ainsi, ils obéissent à la loi...Est juste la guerre qui est faite après avertissement pour récupérer des biens ou pour repousser des ennemis. »
    Ainsi la notion de « guerre sainte » est née, permettant la justification des croisades et de la reconquête de la Terre sainte. La première démonstration en fut faite lors du passage de Saint Bernard dans le Languedoc, espérant ramener les hérétiques dans le droit chemin. Dans le but d'exterminer les cathares, il fit dresser des bûchers et lorsqu'on lui demanda comment dans la population, on distinguait les cathares des bons catholiques, le première dérive de la guerre naquit avec cette célèbre phrase : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. »

    Disparition du Temple

    La disparition de l'Ordre du Temple est le fait du roi de France, Philippe IV le Bel.
    Depuis 1291 et la chute du royaume chrétien de Jérusalem, les Templiers, comme du reste tous les Latins, ne possèdent plus de places fortes en Palestine. Les projets de croisade générale du Grand Maître Jacques de Molay n'aboutirent pas par suite d'un manque d'attention des souverains occidentaux et de la papauté. Alors que les autres ordres militaires peuvent se reconcentrer sur d'autres fronts, les Teutoniques étant en train de bâtir un état théocratique en Prusse et les Hospitaliers de songer à une guerre navale contre l'infidèle par le contrôle du Dodécanèse et de Rhodes, les Templiers se trouvent en porte-à-faux face à leur mission première. Ils restent un ordre militaire mais ne peuvent plus mener leur guerre. De plus, dans un contexte international de renforcement des monarchies qu'incarnent parfaitement Philippe le Bel et son conseiller Guillaume de Nogaret, la puissance d'un ordre militaire possédant des biens à travers toute la Chrétienté et ne répondant qu'au pape inquiète les gouvernants. Les critiques qui ont toujours eu cours sur les ordres militaires, celle de richesse et d'avarice, celle de lâcheté voire de trahison, gagnent en force et se concentrent sur le Temple, qui prête le plus le flanc à ces attaques.
    Le 13 octobre 1307, Philippe le Bel fait arrêter tous les Templiers du royaume de France. Le 22 novembre 1307, le pape Clément V par la bulle Pastoralis præminentiæ ordonne l'arrestation de tous les Templiers de la Chrétienté, pour reprendre l'initiative. Le conflit est d'abord celui qui oppose le pape et le roi de France. En effet, le Temple ne relevant que de la papauté, il a toujours été une force sur laquelle celle-ci s'appuyait. De plus la perspective de mettre la main sur les biens des Templiers, pas de fabuleux trésor mais un réseau de commanderies bien administrées, ne déplaît pas au roi, toujours en quête de fonds. L'accusation est mise sur pied par Guillaume de Nogaret, qui recrute des témoins à charge parmi d'anciens Templiers, et qui décide de mobiliser les attaques sur une hérésie supposée des Templiers, ce qui ne peut que forcer le pape à suivre le mouvement. Tous les royaumes latins, à l'exception notable du Portugal, font arrêter les Templiers et mener des enquêtes selon l'ordre de la bulle pontificale. Seuls les Templiers français seront reconnus coupables des crimes d'hérésie et de sodomie qu'on leur impute. Le 12 août 1308 par la bulle Faciens misericordam il définit les accusations portées contre le Temple. Il supprime l'ordre par la bulle Vox in excelso du 3 avril 1312 pour transférer ses biens à l'Ordre de l'Hôpital le 2 mai suivant , bulle Ad providam. Le 18 mars 1314, Jacques de Molay, dernier Grand Maître de l'ordre meurt sur un bûcher à Paris. En effet il avait d'abord confessé ses « crimes », espérant obtenir de meilleures conditions pour la survie de l'ordre, puis s'était rétracté voyant l'intransigeance de la position royale. Il est donc condamné au bûcher comme relaps (étant retombé dans un crime déjà confessé).
    À noter que dans le royaume de Valence l'ordre du Temple ne fut pas fondu dans celui de l'Hôpital (les Hospitaliers), mais que les deux ordres fusionnèrent pour créer l'Ordre de Montesa. Au Portugal, les biens de l'ordre furent donnés à l'ordre du Christ, fondé pour l'occasion, et ses membres retrouvèrent leur premier nom de « chevaliers du Christ ».


    Grands Maîtres de l'Ordre du Temple

     Hugues de Payns  1118/Mai1136  Ecu du Temple - Hugues de Payns n'avait pas d'armoiries personnelles...L'Héraldique ne vit le jour que dans le courant du XIIème siècle
     Robert de Craon  juin 1136/13 janvier 1147  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième losangé d'or et de gueules
     Évrard des Barrès  1147/1151  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième d'azur au chevron d'or accompagné de trois coquilles du même
     Bernard de Tremelay 1151/1153  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième d'or au chef de gueules
     André de Montbard  14 août 1153/17 janvier  1156  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième d'azur aux deux bars adossés en pal d'argent
    Bertrand de Blanchefort   1156/2 janvier 1169  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième contre-fascé d'or et de gueules de quatre pièces
     Philippe de Milly  1169/3 avril 1171  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième de sable au chef d'argent
    Eudes  de Saint-Amand  1171/19 octobre 1179  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième de sinople aux trois fasces d'argent et à l'engrelure du même en chef
     Arnaud de Toroge  1179/30 septembre 1184  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième à la tour de gueules, ouverte du champ, ajourée et maçonnée de sable
     Gérard de Ridefort  1184/1er octobre 1189  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième au lion de sable armé et lampassé de gueules
     Robert de Sable
     1189/13 janvier 1193  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième d'or à l'aigle d'azur, becquée, membrée et lampassée d'argent
     Gilbert Horal
     1193/20 décembre 1200  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième d'argent à la croix d'azur
     Philippe du Plessis
     1201/12 novembre 1209  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième de gueules fretté d'or
     Guillaume de Chartres  1210/26 août 1218  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième d'azur aux trois bars d'or posés en fasce nageant l'un sur l'autre, le deuxième contourné, et à la bordure componée d'or et de sable de huit pièces
     Pierre de Montaigu  1219/1232  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième de gueules à la tour donjonnée de deux pièces d'argent, ouverte, ajourée et maçonnée de sable
     Armand de Périgord  1232/ 17 ou 20 octobre 1244  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième de gueules aux trois lionceaux d'or armés, lampassés et couronnés d'azur
     (Bataille de Mansourah)Guillaume de Sonnac  1245/11 février 1250  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième d'or aux douze losanges de gueules ordonnés en orle et au lion de sable couronné aussi de gueules
     Richard de Bures où il fut cité comme un maitre templier.  1244/1247  
     Renaud de Vichiers  1250/19 janvier 1252  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième de vair de quatre tires
     Thomas Béraud  1252/25 mars 1273  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième d'azur aux cinq chevrons d'or
     Guillaume de Beaujeu  13 mai 1273/18 mai 1291 (Saint-Jean-d'Acre)  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième d'or au lion de sable brisé d'un lambel de cinq pendants de gueules brochant sur le tout
     Thibaud Gaudin  Août 1291/16 avril 1292  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième d'azur au lion d'argent

     Jacques de Molay

     Fin 1292/18 mars 1314  Ecartelé : au premier et au quatrième d'argent à la croix pattée et alésée de gueules, au deuxième et au troisième d'azur à la bande d'or

     




  • la quete du Graal au Moyen-âge

    Les Chansons de Geste

    Geste vient du mot latin «gesta» et veut dire action. Les chansons de geste, premières œuvres de la littérature, sont des poèmes épiques racontant les aventures héroïques des chevaliers. Nous dirions aujourd'hui des romans de cape et d'épée. Ils étaient d'une psychologie sommaire, mais hauts en couleurs et riches en rebondissements. L'action et la succession rapide de coups de théâtre primaient dans ces chansons et tenaient l'auditoire en haleine. Les récits étaient versifiés et faits pour être chantés ou déclamés avec accompagnement de vielle par des amuseurs publics lors des foires, pèlerinages et fêtes. Si beaucoup de ces conteurs menaient une vie errante au gré de l'aventure quotidienne, certains, sous le titre de ménestrels, arrivaient à s'installer auprès du protecteur qu'ils avaient alors pour fonction de divertir.


    Les «trouveurs» - ceux qui étaient capables de trouver et de rimer de nouveaux épisodes - furent appelés troubadours dans le sud et trouvères dans le nord. La plus ancienne de ces œuvres connues est la «chanson de Roland». Au retour d'une expédition de Charlemagne en Espagne, l'arrière-garde de son armée, commandée par Roland, préfet des Marches de Bretagne, fut surprise dans la vallée de Roncevaux et massacrée par les Basques le 15 août 778. Cet événement secondaire, transformé par l'imagination, a donné naissance à l'une de nos plus belles chansons de geste, dans laquelle le merveilleux prend largement le pas sur la réalité historique.


    Le même phénomène est à la base du cycle d'Artus. Historiquement, Artus ou Arthur était au 6e siècle chef des Bretons insulaires qu'il défendit contre l'invasion des Saxons. Après la perte de l'indépendance, il devint rapidement le centre de tous les récits rappelant le passé glorieux et incarna en même temps l'espoir d'un revirement du destin apportant une nouvelle gloire et une nouvelle puissance.


    Ainsi la tradition voulait qu'Artus ne fût pas mort mais gardé par neuf fées dans l'île d'Avallon. Cette fiction fournit aux conteurs gallois et bretons le cadre d'une foule de récits de guerre et d'amour. Devenu le modèle de la vaillance et de la courtoisie, Artus présidait majestueusement une cour somptueuse où se donnaient rendez-vous les chevaliers de la Table Ronde. Seuls, les plus braves et les plus nobles avaient le droit de s'y asseoir. Les membres de cette brillante communauté se devaient de réussir des exploits et de vivre des aventures à la hauteur de leur renommée et les poètes ne se lassèrent point de leur en prêter. L'amour chevaleresque, l'héroïsme guerrier, le mysticisme religieux avaient été longtemps les principales tendances exploitées.

    Lorsqu'à la fin du 12e siècle, la légende du Graal émerge, les poètes qui en ont connaissance lui donnent aussitôt la forme d'une chanson de geste et la placent dans le cadre du cycle d'Artus.


    Chrétien de Troyes

    Au 12e siècle, à une époque où les cathédrales gothiques resplendissaient encore dans toute leur blancheur, le plus illustre représentant de la littérature française était Chrétien de Troyes (vers 1150 à vers 1190). Chrétien vécut d'abord comme poète à la cour du comte de Champagne. Vers la fin de sa vie, il prit du service chez le comte de Flandre, Philippe d'Alsace. Celui-ci lui commanda de transcrire en vers un certain récit dont le sujet figurait dans un livre qu'il prêta à son protégé.

    Chrétien, qui était déjà l'auteur de plusieurs romans, s'attela à la tâche confiée et ainsi naquit «Perceval le Gallois ou le Conte du Graal». Le modèle utilisé ayant disparu, Chrétien de Troyes se trouve être pour nous le premier qui, vers 1185 ait parlé de l'existence du Graal et de sa recherche par Perceval.

    Par l'exemple de Perceval, Chrétien montre d'abord la formation d'un chevalier. Il enseigne quelles vertus ce dernier doit acquérir, quelles manières il doit adopter pour faire bonne figure dans les cours cultivées de son époque.
    En résumé, voici ce que raconte Chrétien : une femme qui a perdu son mari et deux de ses fils se cache dans la forêt avec son dernier enfant Perceval, et essaye, pour le préserver, de l'élever dans l'ignorance complète du monde et de la chevalerie meurtrière. Malgré toutes les précautions de la mère, Perceval rencontre un jour un groupe de chevaliers à la brillante armure. Il en est si enthousiasmé qu'il quitte aussitôt le refuge et sa mère malgré les supplications de celle-ci.

    A la cour du roi Artus, Perceval se fait remarquer par la rusticité de ses manières ; cependant, il sort vainqueur de son premier combat et s'empare de l'armure de son adversaire. Le vieux chevalier Gurnemanz le prend sous sa protection et lui enseigne les façons courtoises. Il lui apprend aussi les vertus chevaleresques : épargner un adversaire vaincu, montrer de la retenue dans le discours, protéger les dames et fréquenter les églises.
    Grâce à sa noble origine et à son ardeur, Perceval fait de rapides progrès et il peut bientôt voler de ses propres ailes. Il s'en va donc à l'aventure et conquiert par sa beauté et son courage Blanchefleur qui devient son épouse. Mais elle non plus ne parvient pas à le retenir.

    Après maintes péripéties, un soir qu'il cherchait un gîte, Perceval est reçu par le Roi Pêcheur dans un château où il vit une bouleversante aventure. Des valets l'habillent d'écarlate et l'introduisent dans une vaste salle carrée au milieu de laquelle gît, à demi couché sur un lit, un homme vêtu de zibeline. Pendant que Perceval s'entretient avec lui, une étrange procession passe devant eux. Un valet qui tient une lance resplendissante de blancheur s'avance. «A la pointe du fer de la lance perlait une goutte de sang et jusqu'à la main du valet coulait cette goutte vermeille». Deux autres valets suivent avec des chandeliers en or. Puis vient une belle jeune fille richement parée. Elle porte un Graal d'or pur orné de pierres précieuses. Et Chrétien souligne : «Il vint alors une si grande clarté que les chandelles perdirent la leur, comme les étoiles quand le soleil ou la lune se lève». Une autre jeune fille porte un tailloir ou plateau en argent. L'étrange cortège va d'une pièce à l'autre tandis qu'on prépare un splendide souper.

    A chaque plat, le cortège réapparaît avec le Graal, sans que les assistants semblent y faire attention. Par contre bouleversé et intrigué, Perceval, se demande «A qui s'adresse le service du Graal». Mais, prisonnier de l'éducation reçue, il n'ose le demander ; car il se souvient des conseils de Gurnemanz qui lui a recommandé de réfléchir avant de parler et de ne pas poser de questions indiscrètes.

    Alors, il se tait. Après le repas, le châtelain, qu'un mal mystérieux semble ronger, se fait porter dans sa chambre par quatre serviteurs. Perceval s'endort à son tour. A l'aube, en se réveillant, il trouve le château vide. Actionné par des mains invisibles, le pont-levis s'abaisse devant lui. Perceval reprend la route, mais il est bien décidé à élucider le mystère et surtout à retrouver un jour le Graal.
    Sa détermination se trouve encore renforcée lorsqu'il apprend par la suite que, s'il avait posé, en présence du Graal, la question qui lui brûlait les lèvres : «A qui est dédié le service du Graal ?», il aurait guéri le vieux roi et en même temps levé la malédiction qui pesait sur ses terres.

    Après cinq années de vaines recherches, Perceval est mis au courant par un ermite que le Graal est un objet sacré contenant une hostie. Apportée chaque jour en procession solennelle au père du roi, cette hostie lui permet depuis quinze ans de se maintenir en vie.

    Là-dessus, le conte de Chrétien de Troyes s'arrête. Le poète n'est pas arrivé à ramener Perceval au château mystérieux. Il est mort la plume à la main sans pouvoir achever son poème.


    Wolfram Von Eschenbach

    Une des plus grandes figures de la littérature allemande du Moyen âge, Wolfram von Eschenbach (1170-1220) entreprit lui aussi de traiter le magnifique sujet du Graal. Entre 1197 et 1210, il écrivit son «Parzival» qui passe pour la plus grandiose épopée de son temps.
    Afin de rendre l'histoire intelligible à ses contemporains, Wolfram lui prête la forme d'un roman éducateur retraçant, comme l'avait fait Chrétien de Troyes, le développement de la chevalerie. Tout en décrivant l'éducation du chevalier, il offre en même temps à son entourage un exemple exaltant en la personne de Parzival à la quête du Graal.

    Ne pouvant vivre du maigre revenu de ses terres, Wolfram mena, comme chevalier et poète, une vie errante qui le conduisit à travers le pays à la cour des chevaliers plus fortunés que lui.

    Tenu par la coutume de son époque de citer ses sources, Wolfram fait référence à Chrétien de Troyes et à Maître Kyot le Provençal. D'après lui, Kyot appelé aussi Kyot le troubadour, aurait eu accès à des documents parlant du Graal et aurait introduit cette découverte sensationnelle en Occident.
    Au livre IX, Wolfram donne de cette découverte la description suivante : «A Tolède, Kyot le maître bien connu, découvrit le conte dans un document poussiéreux, écrit en caractères païens, et c'est donc là que se situe la source originelle de la légende. Un païen - il se nommait Flégétanis - que l'on prisait pour son grand savoir, élu de la race de Salomon, né du rameau d'Israël, un connaisseur éclairé de la nature, fournit du Graal la première trace.

    Flégétanis le païen vit dans la lumière et le cours des astres un profond secret dont il découvrit le sens et qu'il ne confia que timidement : «il existerait un objet nommé le Graal !» Ainsi parla-t-il, car il lut le nom inscrit dans les étoiles. Le Graal fut apporté sur terre par une troupe d'êtres lumineux qui reprirent leur vol vers les étoiles; car leur pureté les appelait vers leur patrie céleste. C'est à la chrétienté qu'il appartient à présent de prendre soin de cette Pierre avec une déférence emplie d'égards et dans la vertu la plus grande.

    Les bénédictions incluses dans les honneurs sont acquises aux hommes consacrés au service du Graal».La connaissance du Graal serait donc venue en France et en Allemagne par l'Espagne, alors sous domination musulmane. Des flots d'encre ont coulé en controverses autour de la figure de Kyot. Mais jusqu'à présent, toutes les recherches sont restées vaines ; nulle part, des traces de son existence ou de son œuvre n'ont pu être découvertes. Tout incite cependant à admettre que Wolfram avait à sa disposition une autre source que le poème de Chrétien. Les deux premiers et les trois derniers livres n'existent pas dans l'œuvre du poète champenois et de nombreuses divergences sont à relever entre les deux travaux, par exemple, ce point essentiel de la nature du Graal qui, chez Chrétien, est un vase en or et chez Wolfram, une pierre précieuse. Au sujet de ces différences, Wolfram dit : «Le maître Chrétien de Troyes a falsifié le conte et c'est à bon droit que l'en accuse le sieur Kyot qui nous a transmis le conte dans sa vérité.»Certains chercheurs ont suggéré que Kyot avait été Cathare. Wolfram, prenant ses précautions pour ne pas mettre en danger celui qui lui avait donné accès aux connaissances ésotériques sur le Graal, aurait caché sous un nom d'emprunt la véritable identité de Kyot. Les Cathares, répandus non seulement dans le Midi de la France mais aussi en Lombardie et dans les Balkans, étaient les héritiers spirituels des Manichéens. Le problème central qui les hantait et déterminait leur comportement était celui du mal, et de son origine. Dieu qui est parfait n'avait pu créer le mal, pas plus que la matière et les corps imparfaits. Toute la création matérielle ne pouvait donc qu'être l'œuvre de Lucifer, le prince des ténèbres. Dans cette optique pessimiste, le croyant devait s'abstenir de toute action destinée à améliorer ou à modifier la matière. Poussée jusqu'à ses extrêmes limites, l'application de ces croyances aurait conduit à la fin de la société et de l'espèce humaine. Au Concile de Vérone, le Pape Lucius III avait fait instaurer l'Inquisition en 1183. En 1208, le Pape Innocent III lança la croisade contre les Cathares. Sous le commandement de Simon de Montfort, ce fut une répression sauvage, une affreuse suite de pillages, de tortures, de bûchers et d'assassinats qui dura 45 ans et fit un million de victimes. Certains chercheurs croient savoir que Wolfram aurait été membre de l'ordre militaire et religieux des Templiers, fondé en 1119 pour assurer la protection des pèlerins de Jérusalem. Ainsi Pierre Ponsoye, dans son livre «L'Islam et le Graal» (Éditions Denoël) pense que Wolfram lui-même appartenait à l'ordre. Kyot serait un pseudonyme dissimulant un supérieur qui lui aurait donné accès à la connaissance des mystères du Graal transmis par les Arabes et qui en aurait autorisé la publication.

    Otto Rahn propose dans «Croisade contre le Graal» (Editeur Urban-Verlag) une hypothèse plus audacieuse encore. D'après lui, la connaissance du Graal serait empruntée au trésor de Salomon qui tomba dans les mains des Arabes à Tolède. Le cheminement de ce trésor aurait été le suivant : en l'an 70, Titus, après un siège de cinq mois, s'empara de Jérusalem et détruisit la ville. Parmi le butin emporté à Rome se trouvait le trésor amassé par Salomon, le légendaire roi des Hébreux. Alaric, roi des Wisigoths pilla Rome en 410 et transporta sa prise avec le fameux trésor dans la cité française de Carcassonne. Une partie fut transférée plus tard à Ravenne et le reste échoua à Tolède. Si historiquement le cheminement suggéré par Rahn paraît à la rigueur possible, son hypothèse soulève de nombreuses questions. Y avait-il effectivement dans le trésor de Salomon un manuscrit parlant du Graal ? Salomon avait-il lui-même reçu la révélation ou bien cette connaissance remonte-t-elle à Moïse ?Le «Parzival» de Wolfram, sa seule œuvre achevée, est divisé en 16 livres. Les deux premiers de ces livres, qui n'existent pas chez Chrétien, nous font connaître les parents de Parzival, le roi Gamuret et son épouse la vertueuse Herzeloyde. Les livres 3 à 13 suivent, à peu près, dans les événements extérieurs, le récit de Chrétien et en sont même par endroits la traduction textuelle.

    Nous retrouvons donc la vie solitaire de la mère avec son enfant, le départ précipité de Parzival, son éducation à la cour du roi Arthus par Gurnemanz, son mariage, l'arrivée au château enchanté, le cortège où apparaît, porté par la pure vierge Pensée de Joie, le Graal - qui n'est pas cependant un vase en or mais une pierre de lumière -, le silence fatal de Parzival et sa décision de retrouver coûte que coûte le Graal. Après cinq ans d'efforts infructueux, Parzival, révolté contre son sort, accusant Dieu et le monde rencontre, un vendredi saint, l'ermite Trewrizent. Celui-ci dont les explications avaient été interrompues chez Chrétien par la mort du poète peut achever, chez Wolfram, l'initiation de Parzival. Il parvient à calmer l'esprit du chevalier en lui montrant la grandeur du Créateur et son immense Amour pour toutes les créatures. Le remords s'empare du cœur de Parzival lorsqu'il apprend qu'au cours de son premier duel il a assommé un parent et, en outre, causé la mort de sa mère par son départ précipité et égoïste.
    Lorsque le terrain est ainsi préparé, Trewrizent initie son jeune hôte aux mystères du Graal. Il lui parle de la noble troupe de chevaliers qui assure à Montsalvage la garde de la pierre précieuse. Tous ceux qui la regardent sont assurés de ne pas mourir pendant une semaine. Chaque vendredi saint, une colombe descend du ciel et renouvelle la force de la pierre.

    Parzival apprend également l'histoire d'Amfortas, le châtelain rongé par un mal mystérieux. De la lignée des chevaliers du Graal, Amfortas avait été destiné à devenir roi du Graal. Mais il tomba dans le filet de la belle et démoniaque Orgeluse de Logrois, et pendant ces amours interdites, il fut blessé par la lance empoisonnée d'un païen qui voulait conquérir le Graal. Certes la vue du Graal maintenait Amfortas en vie, mais la plaie ne voulait pas se fermer malgré tous les moyens mis en œuvre. A la prière de ses chevaliers, le Graal avait révélé par une inscription qu'Amfortas guérirait le jour où un chevalier étranger viendrait au château du Graal et demanderait dès le premier jour, sans y être sollicité, quel était le mal d'Amfortas. C'est pourquoi, il y avait chaque fois une grande déception quand un chevalier apparaissait et ne posait pas la question.

    Ces entretiens, si fructueux pour Parzival, se poursuivent pendant quinze jours. Lorsqu'il prend congé de l'ermite qui se révèle être son oncle, frère de sa mère, Parzival est intérieurement mûri, fortifié et animé du joyeux espoir de pouvoir encore conquérir le Graal.
    A la cour du roi Arthus, Parzival est accueilli dans le cercle de la table ronde avec tous les honneurs dus à ses nombreux exploits. Pendant que l'illustre société est à table, Kundry, la messagère du Graal apporte l'heureuse nouvelle que Parzival est désigné comme roi du Graal. Celui-ci se met aussitôt en route. En chemin, il rencontre sa femme et ses deux fils. En posant la question, Parzival guérit Amfortas et devient roi du Graal.

    Les deux auteurs, Chrétien aussi bien que Wolfram, conscients de leur rôle, ne cherchent pas seulement à divertir ; ils veulent aussi éduquer. En décrivant le devenir d'un chevalier, ils visent à créer un modèle stimulant leurs contemporains. Chez Chrétien, le résultat final est de devenir un brillant représentant de la chevalerie qui sait se mouvoir avec aisance dans la société cultivée des cours et le vernis est assez superficiel. Cette tournure toute mondaine ne suffit pas à Wolfram. Chevalier de corps et d'âme, Wolfram cherche à répondre à une question qui a dû le préoccuper beaucoup : «Comment puis-je être un authentique chevalier et cependant servir Dieu ?» Dans la figure idéale incarnée par Parzival, Wolfram montre comment son héros parvient à dépasser la chevalerie mondaine, comment à travers les erreurs, les doutes, les souffrances et les luttes, il acquiert la chevalerie spirituelle et peut être appelé à devenir roi du Graal en couronnement de ses aspirations pures et généreuses.


    Robert de Boron

    Quelques années après la mort de Chrétien de Troyes, un autre poète français, Robert de Boron, reprit le merveilleux sujet et écrivit vers l'an 1200 sa «Grant estoire dou Graal». Robert qui vivait à la cour de Gauthier de Montbéliard, Seigneur de Montfaucon, connaissait l'œuvre de Chrétien de Troyes ; mais on pense qu'il se servit également d'un évangile apocryphe de Nicodème et des Actes de Pilate.
    Devant l'hostilité du clergé et le silence désapprobateur rencontré, Robert veut libérer l'histoire du Graal du reproche qu'on lui fait d'avoir une origine païenne. Il construit son histoire romancée sur une nouvelle interprétation du Graal qui est entièrement placée dans le contexte religieux chrétien.

    Sans hésitation, il christianise les personnages, les événements et les symboles. Tout le cadre du profane courtois est abandonné ; le château mystérieux disparaît ainsi que la procession merveilleuse avec son faste et ses belles demoiselles. Il n'est plus fait mention du Roi Pêcheur et de son père, ni de la question à poser pour rompre la malédiction. Perceval, venant de la cour du roi Arthus, n'apparaît qu'à la fin et devient roi du Graal après être sorti vainqueur d'une série d'aventures. Sous la plume de Robert de Boron, le Graal devient alors le «Saintisme vaissel» dont parlent Matthieu (26,23) et Marc (14,20). C'est le calice dont Jésus se servit lors du repas d'adieu avec ses disciples et dans lequel son sang fut recueilli sous la croix. Dans cette optique, le Service du Graal se transforma en glorification de la Cène et en adoration chrétienne du précieux sang.

    Du fait de sa christianisation, le Graal devint le «Saint-Graal».Voici en résumé ce que raconte Robert de Boron : Lorsqu'après la mort du Christ, Joseph d'Arimathie vint demander à Pilate le corps du Crucifié, Pilate non seulement y consentit mais donna également à Joseph le calice de la Cène. En compagnie de Nicodème, Joseph se rendit au Golgotha et recueillit dans le calice le sang qui s'écoula pendant la descente du corps. Jeté en prison par les Juifs, Joseph d'Arimathie fut maintenu en vie pendant quarante ans par la seule contemplation du merveilleux calice que le Christ lui avait miraculeusement apporté en prison.

    La deuxième partie du travail de Robert de Boron qui était loin d'avoir le talent de Chrétien de Troyes, est assez confuse et incohérente. L'auteur reprend des faits et des personnages de Chrétien et y mélange des données plus anciennes. Parfois, il arrive ainsi à perdre le fil conducteur.
    Dans son récit il rapporte que, délivré par la destruction de Jérusalem, Joseph d'Arimathie émigra avec sa sœur et son beau-frère Bron ainsi qu'un groupe de chrétiens. La petite communauté se réunissait chaque jour autour d'une table rappelant celle de la Cène avec le précieux calice en son milieu. C'était pour eux le service du Graal. Une voix divine révèle alors que ceux qui sont admis au service du Graal seront préservés de tout jugement inique en cour de justice. Ils ne pourront être jugés ni blessés dans leurs membres, ni lésés dans leurs droits, ni vaincus en cours de bataille, car ils sont placés sous la protection divine. De grands secrets, saintes paroles douces et précieuses que Dieu ne révélera qu'au Maître du Graal, font également partie du mystère du Graal. Après en avoir reçu l'ordre, Joseph confia finalement le calice à son beau-frère Bron et l'initia aux secrets de sa provenance et de son contenu. Lorsqu'il partit propager le christianisme, Bron emporta le calice. Plus tard, son petit-fils Perceval, ayant entendu parler du Graal à la cour d'Arthus devint, après avoir surmonté maints obstacles, roi du Graal.

    La lance qui saigne, et saignera jusqu'au Jugement dernier, devient chez Robert de Boron celle dont le centurion Longinus perça le flanc du Christ.


    Les écrits ultérieurs

    La révélation de la réalité du Graal enflamma l'imagination des poètes occidentaux. A la suite des poèmes français et allemands naquirent ainsi «Peredur» un poème gallois du 13e siècle, une «Parceval-Saga» islandaise d'après un modèle norvégien du début du 14e siècle, «Sir Perceval of Gales» un poème anglais du milieu du 14e siècle, un poème espagnol «Demanda del sancto Gréal» du début du 14e siècle, un poème néerlandais dont il ne reste que des fragments et écrits et enfin des traductions des textes français en vénitien et en toscan. Chacun des poètes traitant le sujet se crut obligé d'innover et de renchérir sur le caractère merveilleux, ce qui rendait l'histoire de plus en plus confuse et incohérente. C'est ainsi que finalement Adam aurait reçu le Graal au Paradis. Chassé de celui-ci, il avait dû le laisser derrière lui. Mais son fils Seth fut autorisé plus tard à reprendre le vase miraculeux et à le conserver. Après un long cheminement, l'objet se serait retrouvé entre les mains de Jésus.

    Sensibilisés par la diffusion que les troubadours assurèrent à cette belle histoire, leurs contemporains crurent découvrir partout le Graal. On se le représentait comme un vase ou une coupe de teinte verdâtre, ce qui était normal. En effet, le mot en soi n'était pas nouveau. Issu du bas latin «gradalis», il désigne aujourd'hui encore dans le Midi un plat creux ou une terrine. On dit «grazal» en Languedoc et «grial» en Espagne. La merveilleuse nouveauté était que pour la première fois le mot fut associé à une notion sacrée, à quelque chose de grand, de lumineux. «Tant sainte chose est le Graal» dit Chrétien. On ne sut pas bien définir «cette sainte chose» mais on avait l'intuition qu'elle touchait aux questions ultimes, à l'existence et au devenir des humains et qu'elle exigeait d'eux un grand effort.

    Lors du partage du butin par les croisés en 1001 à Césarée, les Gênois reçurent une coupe assez grande, de forme hexagonale et de couleur verte que l'on croyait taillée dans une énorme émeraude. Sous l'influence des poètes, on se mit à penser que cette coupe pouvait bien être le plat de la Cène, le «Sacro Catino». De ce fait, l'objet acquit une valeur unique. Douze chevaliers furent commis à sa garde et une loi punissait de mort quiconque endommagerait la relique sacrée. Bonaparte se permit de la «rafler» et de l'envoyer à Paris. Au cours du transfert, la coupe se cassa et on s'aperçut alors que ce n'était pas une émeraude mais du simple verre fondu. En 1247, le patriarche de Jérusalem a soit disant offert au roi Henri III d'Allemagne une coupe ornée d'émeraudes et censée provenir de Nicodème et de Joseph d'Arimathie, coupe qui fut également considérée comme étant le Graal.
    Encore faut-il que cela soit vrai ......

    Néanmoins d'aprés tous ses récits , ces écrits , je reste persuadée qu'il y a deux Graal.