• La Coupe

    LA COUPE

    (A Betty Mornac.)


    Ton coeur fut la coupe magique,
    - La coupe d'éclatant cristal, -
    Qui vibrait dans l'aube édénique
    Au chant du cercle sidéral.

    Enfant du Ciel et de l'Argile,
    Où donc gît l'Eden ancestral ?
    Ton cœur est la coupe magique
    Qui fut, mais qui n'est plus le Graal !

    Le sang du Verbe s'est figé
    Dans cette coupe opaque et sombre
    Où burent les dieux étrangers
    Des froides régions de l'Ombre.

    Vinaigre et fiel y sont mêlés
    Depuis l'aube immémoriale,
    Mêlés au sang coagulé
    Comme une hématite infernale.

    Cent lippes sales ont souillé
    Dans leurs agapes orgiaques
    La coupe aux bords bien nettoyés,
    - Qui n'est, au-dedans, qu'un cloaque.

    Cherche et trouve le vrai remède,
    Connu de tous et de toujours,
    Le remède que tous possèdent
    Et que tous gâchent tour à tour,

    Le remède unique que nomment,
    Sans savoir prononcer son nom,
    La lèvre distraite de l'homme,
    La voix menteuse du démon !

    Un ange effleurera de l'aile
    la coupe au cristal frémissant
    Pour qu'en elle se renouvelle,
    Soudain, le Miracle du Sang ...

    Et l'ange, alors, à ton oreille
    Murmurera ton nom nouveau,
    Pour clore, indicible merveille,
    Le cycle de tes durs travaux :

    Car ton coeur, délivré des pièges
    Tendus par les hordes du Mal,
    Rompant enfin tous sortilèges,
    Sera redevenu le Graal !
     
     

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