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L'homme et le loup
Entre terreur et fascination
Hormis lHomme qui lui mène une guerre sans merci depuis de siècles, les prédateurs naturels du loup sont très rares et occasionnels.
Le loup a besoin dun domaine vital assez vaste pour lui fournir suffisamment de gibier sauvage. Dans les régions où lélevage danimaux domestiques domine par rapport aux proies sauvages disponibles, le loup peut sattaquer au bétail comme les moutons, les vaches ou encore, comme cest le cas au Portugal, aux chevaux et aux mules en semi-liberté.
Exceptionnellement, lors de guerres, dhivers très rigoureux et de cas de rage, il est arrivé autrefois que des loups sattaquent à des personnes isolées ou à des enfants. Ceci explique la détestable réputation faite au loup en Europe depuis des siècles; mauvaise réputation entretenue par de nombreuses légendes et des récits terrifiants dont il est impossible de vérifier les sources et la véracité. Pendant longtemps, on associait le loup à limage du Diable et à la sorcellerie. Enfin, leffet très impressionnant de leurs manifestations nocturnes de hurlements a certainement contribué à entretenir cette peur ancestrale.
Mais fasciné par la puissance et la beauté de cet animal, lHomme a souvent adoré le loup. La mythologie romaine donne la louve comme mère adoptive de Romulus et Rémus, les fondateurs de Rome. De nombreuses croyances populaires dans le monde font du loup le symbole de la fécondité et, en Égypte ancienne, le culte du loup était associé à celui du soleil.
À la fois symbole du Bien et du Mal, ces deux images du loup sont complémentaires.
Enfin, au Moyen-Âge, on a souvent tourné le loup en dérision dans les fabliaux qui lopposent au renard : on rit du loup pour en avoir moins peur. Ce thème estencore largement utilisé dans les histoires et les contes pour enfants ; on exorcise la peur instinctive des petits en les faisant rire
Animaux et personnages mythiques
La Bête du Gévaudan :
Au XVIIIe siècle, plus dune centaine de personnes a trouvé la mort dans des circonstances dramatiques et mal élucidées sur les Causses cévenols et dans les grandes étendues de landes des plateaux de la Lozère, de lAubrac et de la Margeride. Des attaques répétées perpétrées par un étrange animal sur des enfants ou des personnes isolées ont semé la terreur de 1764 à 1767 dans le Gévaudan. On vit alors dans ces attaques meurtrières luvre dune bête énorme et monstrueuse, ou celle dun loup-garou (mi-homme mi-bête) ou encore celle du Diable en personne. La rumeur atteignant les salons de la Cour, le roi Louis XV envoie sur place ses meilleurs chasseurs de loups commandés par le lieutenant des chasses royales. Plusieurs milliers dhommes se mobilisent pour organiser de vastes battues. Finalement, plusieurs gros loups sont tués et les attaques finissent par disparaître sans que lon aie réellement identifié la trop fameuse « Bête du Gévaudan » qui fait encore de nos jours le sujets de films et de romans.
Les loups-garous :
Daprès des récits et des légendes qui remontent à lAntiquité, les loups-garous sont des êtres humains (hommes ou femmes) qui, à la suite dune malédiction ou dun pacte signé avec le Diable, ont le pouvoir de prendre la forme dun loup ; ils se livrent alors aux pires atrocités, allant jusquà manger de la chair humaine. Cest pourquoi les lycanthropes étaient condamnés pour pacte avec le Démon mais aussi pour homicide et cannibalisme, réel ou supposé. Héros involontaires soumis à une malédiction ou malades mentaux ayant passé un pacte avec le Diable, les lycanthropes ou loup-garous hantent encore de nos jours des films ou des romans relevant du genre fantastique. Autrefois, les condamnations de loups-garous étaient toujours diffusées par proclamations extraordinaire du Parlement qui les avait appréhendés et condamnés. Les châtiments quils subissaient, roue, décapitation, bûcher, étaient largement diffusés par voie orale et grâce à des gravures réalisées à cet effet.
Les Meneurs de loups :
Souvent confondu avec les loups-garous, les Meneurs de loups sont généralement représentés comme de pauvres hères revêtus de peaux de loups, chacun étant suivi dune meute de loups dont il sait se faire obéir au doigt et à lil. Le Christianisme associe les Meneurs de loups au monde de la sorcellerie. Les croyances populaires en font tour à tour des hérétiques, des simples desprit ou des rebouteux qui savent sauver de la rage et protéger les troupeaux des attaques de loups (car, dit-on, cest eux qui ordonnent aux loups dattaquer !). Ils vont de hameau en hameau, dans les endroits les plus reculés, pour recueillir quelques piécettes pour prix de leur bienveillance. Les meneurs de loups sont perçus comme des individus dangereux prêts à commettre les pires délits. Bien souvent, loups-garous ou meneurs de loups servent dexutoire aux peurs collectives et finissent leur existence sur un bûcher.
Une lutte acharnée
Dès le IXe siècle, sous Charlemagne, des chasseurs spécialisés, les luparii, eurent pour mission officielle de détruire les loups. Le corps des louvetiers fut créé en 1520 par le roi François Ier et il sest maintenu jusquà nos jours. Les louvetiers devaient capturer les loups adultes, présenter leurs peaux, rechercher les portée de louveteaux et détruire les tanières
À partir du XVe siècle les paysans eurent le droit de chasser le loup pour se défendre ; nayant pas lautorisation dutiliser darmes à feu ils inventèrent des pièges de toutes sortes. Ils organisaient également des battues collectives et achevaient les animaux à laide de piques et de couteaux. Mais au XVIIIe siècle, le loup était encore présent dans 85% des départements. La Révolution française de 1789 accorda aux paysans le droit de chasseravec des armes à feu et le combat contre les loups sest alors intensifié.
À partir du XIXe siècle, la lutte fut systématisée et renforcée avec lapparition de poisons (noix vomique, strychnine) qui furent largement utilisés sur tout le territoire national. Jusquau début du XXe siècle, une prime était offerte à tout chasseur qui tuait un loup.
En France, le loup sest éteint en 1937 en tant quespèce reproductrice.De nos jours
En Amérique du Nord et au Canada où des études scientifiques ont été entreprises pour mieux comprendre cet animal, on na jamais enregistré dattaque directe des loups sur des humains. En Italie et en Espagne, les hommes et les loups cohabitent sans risque particulier pour la population locale. En France, le retour spontané du loup est très controversé et des indemnités peuvent être attribuées aux éleveurs en cas de prédation avérée sur leurs troupeaux.
Ce qui est certain cest que les loups évitent soigneusement de rencontrer lHomme, de jour comme de nuit. La chance dapercevoir un loup en liberté est extrêmement faible même lorsque lon piste ses traces pour lobserver.
Les loups ont été totalement exterminés en de nombreux endroits, mais les excès de cette nature sont moins à redouter à lavenir, car la limitation des populations de loups est vivement contrôlée et elle se fonde de plus en plus sur des études scientifiques.
En France, le loup est protégé depuis octobre 1996 ; il prévoit la protection intégrale de lespèce et interdit la mutilation, la capture ou lenlèvement des individus de tout temps et sur lensemble du territoire.