• Avalon

    Avalon ou Glastonbury: (le cimetière caché des glaces ou le brillant caché lumineux), est le nom d'une localité du Somerset anglais, (autrefois au cœur du Wessex) siège d'une importante abbaye cistercienne au Moyen-Age, qui passe pour avoir été, en Domnonée, un des hauts lieux du celtisme antique, l'Ile d'Avalon, résidence favorite des fées, localisation de l'Autre monde chez les Celtes.


    Deux idées se dégagent de ce nom, celle de gel, de glace, de lumière (Glass) et celle d'enterrement, de cache de cimetière (bury) et relient d'emblée ce lieu au séjour des morts et à un univers lumineux.
    Avalon, Afallach est l'île des pommes, le verger sacré toujours florissant, lieu de séjour des héros celtes, jardin paraisiaque de l'Autre-Monde. C'est là, si l'on en croit le trouvère anglo normand Robert Wace, qu'Arthur, lassé des batailles et navré mortellement se fit porter pour soigner ses blessures, les bretons attendent qu'il en reviennent: "rex Arturus, rex Futurus". La pomme est ainsi pour les celtes, un moyen de conserver le contact avec l'Autre Monde étant l'instrument par lequel les immortels jettent un charme sur les héros qu'ils veulent attirer dans leur séjour. C'est sur une branche de pommier que Lug apparut un jour au roi d'Irlande. La branche ornée de trois pommes est aussi insigne de la majesté royale. Notre frère chevalier disparu, Robert Rotrou , nous apprit jadis que Remalard, en Perche, était aussi le jardin des pommes.

     
    A Glastonbury, sur les traces d'un ancien sanctuaire celte, attesté par la configuration des lieux et souligné par les historiens, s'établit, avant la conquête saxonne, un monastère de chrétienté celtique dédié à la vierge.  On y vénère deux moines irlandais, saint Indracht et saint Patrick, saints celtiques, et l'on rend à cet endroit également un culte à sainte Bridget (héritière de la déesse pan-celtique Brigitte?) qui y aurait abandonné son sac et sa quenouille.
    Au début du XIIème siècle, Guillaume de Malmesbury l'atteste comme il souligne que la tombe du roi Arthur sera découverte quand le roi se préparera à revenir. Il la situe même entre deux pyramides.
    C'est la seconde caractéristique de ce lieu que sa connexion étroite avec la Légende Arthurienne confirmée par la découverte à une grande profondeur dans l'ancien cimetière des moines de l'abbaye, en 1190, des restes de Guenièvre et d'Arthur. Ils furent ensuite transférés vers l'abbatiale.

    Auprès des corps, on trouva également une Croix de la période d'avant la conquête portant les mots:
    "Ici gît Arthur, le célèbre roi, en l'Ile d'Avalon".

     

    L'histoire de l'Abbaye comme l'imaginaire qui se développe autour d'elle ne sont pas non plus sans intérêt, car sa vocation, s'affirmant au delà des âges, est celle de rendre compte d'un sens caché, véritable symbole des connexions qui existent entre la religion des celtes et le christianisme au cours du premier millénaire.


    Disegni personali Fantasy

    Notons que :

    Le fait que Jésus Christ en personne aurait accompagné, dans sa jeunesse, son oncle Joseph d'Arimathie lors d'un voyage en Angleterre et fondé lui-même la première chapelle en Avalon. Construite en osier, elle aurait été érigée sur un terrain de culte druidique.
    Après la mort du Christ, Joseph, on le sait, transporta le Graal jusqu'en Occident et revint sur ces lieux avec douze compagnons pour fonder la première église d'Angleterre non sans avoir passé accord avec le druide Arvirogus, qui alla jusqu'à lui concéder un terrain, la tradition ésotérique chrétienne dont Joseph aurait été dépositaire (les mots sacrés du Graal) semblant s'accorder profondément avec la tradition celtique. C'est là qu'il aurait été enseveli avec deux burettes contenant le sang et la sueur du Christ. Un églantier qui fleurit en hiver rappelle sa visite. Il s'agirait du rejet du bâton de Joseph qui aurait survécu jusqu'à nos jours.

     

    Le choix de Glastonbury comme lieu sacré du christianisme celtique en "Bretagne la bleue" n'est certes pas du au hasard, l'Ile d'Avalon, le jardin des Pommes, symbolise la fertilité, l'abondance qui marque les séjours enchantés des Immortels. C'est le passage vers l'au-delà lumineux.
    C'est là que les druides avaient bâti l'un de leurs centres les plus importants des îles britanniques, véritable porte du Sid. Il reste dans l'Imaginaire collectif chargé des légendes de la présence des déesses et fées de l'Autre Monde, à tel point qu'une romancière américaine contemporaine à succès n'hésite pas à y situer le théâtre des exploits de ses héros celtes, en cet "endroit où le pâle reflet lumineux de l'Autre monde éclaire l'Univers des humains".
    Le lieu, d'une grande beauté, est constitué de trois monuments, également rattachés aux deux traditions:
    L'abbaye elle-même, dont les fidèles revendiquent l'antériorité sur toutes les autres églises de la chrétienté, y compris celle de Rome, sise à l'emplacement où Joseph d'Arimathie planta son bâton, geste fondateur s'il en est, tombeau sacré de Joseph et d'Arthur et Guenièvre. 
    La Tor, éminence qui domine Glastonbury et connut la double occupation celte et chrétienne (ermitage), à son sommet une chapelle est dédiée à saint Michel, le tueur de dragon, à l'épée flamboyante qui, en des bien des endroits, est invoqué là où les celtes s'adressaient à Belenos le Brillant, l'Apollon celte.. Comme les celtes qui devaient se rendre au sommet des montagnes sacrées, les pèlerins gravissent journellement les pentes herbues de la Tor et contemplent, arrivés au sommet, un panorama féerique qui permet de percevoir la position autrefois insulaire de l'endroit.

     

    Le puits du calice (Chalice Well) au pied de la Tor où Joseph d'Arimathie, dit la légende, cacha le Graal. Ce lieu est très fréquenté par les pèlerins qui tentent de percevoir dans les eaux du puits le secret de leur avenir. De même, les celtes se rendaient prés des fontaines réputées comme lieux de mise en contact avec le royaume des Immortels.
    Prolongeant le celtisme, le christianisme a sacralisé les lieux sacrés d'Avalon et Glastonbury a sublimé les éléments qui en faisaient la sacralité: arbre (l'aubépine du bâton de Joseph), source sacrée (Chalice Well), île (île d'Avalon), éminence (la Tor), fête de Samain (nous avons nous-même assisté aux festivités qui marquent, chaque année, Halloween à Glastonbury au milieu d'une foule considérable).. 
    Ces différents indices nous renforcent dans la conviction énoncée par Olivier Loyer que l'Eglise celte n'a pas été détruite mais que l'Eglise anglo-normande se l'est appropriée, Glastonbury, comme lieu de production de l'imaginaire collectif, participe de cette conquête culturelle et de cette incorporation spirituelle.
    Véritable Haut-Lieu des celtes comme du monachisme occidental, celto-chrétien d'abord, puis cistercien, l'Ile d'Avalon conserve tout son mystère que ne sauraient percer les yeux qui ne voient pas l'invisible.