Les jongleurs du XIIIe siècle avaient divisé les romans -mot désignant, à lorigine, les ouvrages écrits en langue romane- en trois catégories qui procédaient de trois sources distinctes : romans de Charlemagne, romans de la Table ronde et romans de lAntiquité grecque et romaine.
Chacune de ces trois catégories comprenait un grand nombre de sujets différents qui correspondaient lun à lautre par une succession de faits homogènes et analogiques. Cétaient autant de cycles formant un vaste ensemble, dans lequel on trouvait des personnages de même race et de même caractère.
Le XIIe siècle fut la grande époque de la « romancerie » et les jongleurs, qui diffusaient ces romans, faisaient assaut de nouveauté, cherchant des sources de « gai sçavoir », où personne navait encore puisé. Ce fut pour répondre à la demande de leur public passionné que les trouvères de langue doïl mirent en rime et en prose les vieux « lais » bretons et augmentèrent le vaste domaine du roman français. De là, une longue série de romans « de Bretagne » ou de la Table ronde
Les chevaliers de Flandres et de Franche-Comté avaient accueilli, de la bouche des jongleurs bretons ou dans les livres latins écrits sur la foi danciens récits, les traditions des Celtes et des rois fabuleux de Bretagne. Cétait le roi Marc et son neveu Tristan, épris de la femme de son oncle, Iseult, sous la fatale influence dun philtre invincible. Cétait aussi Arthur, lHercule celtique, lépoux de la plus belle et de la plus inconstante des femmes, Guenièvre, et qui était entouré dune cour de héros.
Les auteurs de romans bretons avaient fait dArthur le fondateur de la chevalerie, le créateur des tournois, en racontant que ce valeureux roi faisait asseoir à sa Table ronde les vingt-quatre -on dit parfois douze- meilleurs chevaliers de son royaume, qui formaient ainsi la cour plénière de la chevalerie. Arthur, en fait, est le symbole de la féodalité, le garant des valeurs chevaleresques et du système féodal où les chevaliers suivent leur propre route, tout en étant prêts à répondre, sur lheure, à lappel de leur souverain.
Modèle de chevalerie, dont il est lexpression la plus achevée et la plus parfaite, figurant parmi les Neuf Preux -les autres étant Hector, Alexandre, César, Josué, David, Juda Macchabée, Charlemagne et Godefroy de Bouillon- Arthur nen oublie pas le « fine amor », cest-à-dire lamour courtois qui règne en maître dans le monde arthurien. Les dames y jouent un rôle prépondérant et la galanterie la plus raffinée est de mise, élevant les principes du « fine amor » à son paroxisme puisque lamour courtois est nécessairement adultère, tout comme lest lamour entre Lancelot et Guenièvre, entre Tristan et Iseult.
source : historia nostra