Voilà bientôt huit siècles, en 1208, le pape Innocent III lançait une croisade contre les cathares que l'on nommait aussi albigeois.
Cette croisade, sous prétexte d'une guerre sainte,ne sera rien d'autre qu'une opération de brigandage et de pillage au profit deseigneurs d'Ile-de-France en mal de combats. Cette offensive meurtrière qui se camoufle en guerre sainte, puis en opération de police, puis en annexion au profit du roi de France n'a d'autre mobile que la cupidité. Dans le midi de laFrance, elle est généralement considérée comme une guerre d'annexion et son souvenir a alimenté un anticléricalisme puissant.
Difficile dans ces conditions pour les cathares de se battre avec des idées et des raisonnements, même fondés, face à des barons avides,soutenus par un clergé cupide et servis par des illettrés.
Pourquoi cette croisade fut-elle prêchée contre les domaines occitans alors que les cathares étaient répandus dans toute la France et une partie de lEurope ? Quétait le catharisme, pourquoi rencontra-t-il un tel succès avant de disparaître ?
LEglise
Dans la société du Moyen-Age, lEglise joue un rôle très important. Rêvant de puissance et de suprématie, elle entretient une terreur spirituelle basée sur le postulat dune vie meilleure après la mort à condition de sêtre empoisonné la vie en suivant de divins principes. Lexcommunication est larme absolue.
Dans le Sud, la population ne cautionne plus une église dont certains ministres sadonnent sans retenue à la boisson, au jeu, à la luxure, à lusure,
Leffort des frères prêcheurs sera vain et une grande partie de la population se tournera vers une religion plus ascétique et rigoureuse : le catharisme.
Craignant la concurrence, léglise va lâcher ses armées dinquisiteurs sur ceux qui ne pensent pas comme elle allant jusquà déterrer les morts pour les brûler. Ce sera un véritable génocide de la part de l'église...

Le catharisme
Origines
Les très rares documents qui ont survécu permettent de rapprocher le catharisme de la religion bogomile. Né au Xe siècle en Bulgarie et largement répandu dans lempire byzantin, le bogomilisme sappuie sur la doctrine manichéenne. Cette doctrine est élaborée au IIIe siècle par Manès qui se disait prophète de Boudha, de Zoroastre et de Jésus. La synthèse quil fait des trois religions le conduit à un système dualiste :Bien et Mal, Lumière et Ténèbres.
Apparu au XIe siècle en Italie du Nord, le catharisme occitan sorganise au concile de Saint Félix de Caraman en 1167. Au cours de ceconcile, présidé par lévêque bogomile Nicétas de Constantinople, le catharisme sorganise en une véritable Eglise avec quatre évêchés (Albi, Agen,Carcassonne et Toulouse).
Pourchassés en Europe, éliminés méthodiquement, ils trouvent dans le Sud de la France un foyer de relative tranquillité. Ils sont reçus et encouragés par de nombreux petits seigneurs. De grands princes sont soupçonnésde leur être favorable ou de ne rien faire pour les empêcher de prêcher sur leurs

Doctrine
Le catharisme prétend être lauthentique christianisme. Ses livres saints sont la bible (Nouveau Testament, uniquement) et les évangiles,principalement celui de Saint Jean.
Le catharisme pose comme principe de base que Dieu, infiniment bon, créateur de lunivers, ne peut être à lorigine du mal. Celui-ci estluvre dun ange déchu, le démon, qui aurait entraîné dans sa chute dautres anges et le tiers des âmes créées par Dieu (cf. Apocalypse de Saint Jean). Les cathares pensent que ces âmes, tombées à terre, sincarnent dans le corps des hommes. Elles ne pourront retrouver leur place au ciel quaprès sêtre purifiées. Cette théorie dualiste soppose au dogme de lEglise officielle, où Dieu est seul créateur du monde. Pour un cathare, lhomme ne peut échapper à lemprise du mal et accéder au spirituel quen se détachant du monde et de la chair. La mort représente lanéantissement du mal.
En se référant aux Actes des Apôtres, les cathares rejettent la liturgie catholique. Ils ne récitent quune seule prière, le Notre Père et ne reconnaissent pas dans leucharistie la présence du Christ. Ils ne reconnaissent quun seul sacrement : le consolament qui a à la fois valeur de baptême (par imposition des mains, et non par leau),d'ordination et d'absolution des pêchés. Conféré aux mourants, il vaut l'extrême onction. Chaque âme consolée, à la mort de sa prison charnelle, regagne le Royaume du Père. Les autres devront se réincarner dans une existence nouvelle sur terre.