• La mort d'Orion

    On m'a envoyé un texte d'une chanson de Gérard Manset qui m'a beaucoup plu , je vous le mets et en même temps je remercie Marie d'avoir pensé à moi   Je t'offres ainsi qu'a ton compagnon Franck une chanson que j'aime beaucoup de cet artiste hors du commun .Bises Marie et merci encore.

    La mort d'Orion

    Où l'horizon prend fin,
    Où l'œil de l'homme jamais n'apaisera sa fin,
    Au seuil enfin de l'univers,
    Sur cet autre revers,
    Trouant le ciel de nuit
    D'encre et d'ennui
    Profond,
    Se font et se défont les astres.
    
    Par delà les grands univers
    Où les colonies de la terre
    Prolifèrent
    Et dans la grande nébuleuse noire
    Dont, voici dix mille ans, fut l'histoire.
    Depuis qu'ils cheminaient par dix et cent de milles
    Pour délaisser la terre et ses anciennes villes,
    Depuis qu'ils voulaient voir
    Ce peuple fou, ailé, la nébuleuse noire,
    Depuis donc et déjà tant de siècles passés
    Qu'ils avaient délaissé
    La terre,
    Ce peuple solitaire
    S'éprit de ses vestiges
    Et voulu en revoir la tige.
    
    Or, pendant que coulaient
    Tous ces millions d'années
    Sur la planète mère,
    Les survivants damnés
    Redoraient le parvis
    De leur vie,
    Cependant que croulait interminablement
    Un bruit de poussière et de vent
    Et que s'affaissait le béton
    Que coulait le peuple d'Orion.
    On a vu bien d'autres étoiles depuis,
    Allumées comme au fond d'un puits.
    Sur Orion que la mort attend,
    Un prêtre fait asseoir les hommes à genoux
    Et le peuple incompris
    Prie.
    
    Orion ne reverra plus jamais le pays
    Et la lune, sa sœur, aura bien loin d'ici
    Des ailes.
    Les cieux comme un taudis,
    Privés de leur dentelles
    Baissent les yeux
    Au milieu des cerisiers blancs,
    Sur son cheval,
    Le prêtre a des ciseaux d'argent.
    Il a les mains couvertes de papier doré
    Et le devant de son visage est décollé.
    
    Les grands arbres se dressent, les yeux mouillés
    Et leurs cheveux comme des tresses
    Qui cachent le soleil,
    Les fleurs sont comme des oreilles, décollées.
    Nous,
    Même si nos membranes fragiles
    Nous rendent un peu moins agiles
    Ensemble,
    S'il faut venger nos morts,
    S'il faut souffrir encore,
    Nous incinèrerons leurs corps
    Si on veut de nous encore, encore,
    Si on veut de nous encore, encore.
    
    Et l'autel est dressé
    Sur ses deux mains, sur ses bras blessés,
    Regardant vers le nord,
    Les mains tendues comme une plante carnivore.
    Et du plus loin que l'on entende les rires
    Déjà morts au sortir de leur bouche de cire,
    Il faut les laisser faire.
    Ce ne sont que des mammifères
    Dans ce monde de prose
    Où rien ne tient quand on le pose.
    
    Nous,
    Même si nos yeux sont trop clairs,
    Nous retournerons sur la terre
    Ensemble.
    Nous franchirons les mers
    De notre planisphère,
    Reprendrons nos mines de fer
    Si on nous laisse faire,
    Si on nous laisse faire.
    Nous,
    Même si nos membranes fragiles
    Nous rendent un peu moins agiles
    Ensemble,
    S'il faut venger nos morts,
    S'il faut souffrir encore,
    Nous incinèrerons leurs corps
    Si on veut de nous encore,
    Si on veut de nous encore.
    
    Orion,
    Sentant sa fin venir,
    Dressa ses habitants contre leurs souvenirs,
    Contre leurs souvenirs.
    Depuis longtemps,
    Depuis longtemps
    Riche de tout,
    Ce peuple parasite
    Auquel nous rendions visite
    Souvent fit notre faillite.
    D'où il les avait mis sur le sol d'Orion,
    Il pointa ses canons la tête la première
    Vers l'horizon puis vers la terre.
    
    Par delà les plus hauts monts,
    Au milieu des goémons,
    Vit Salomon,
    Pareil aux preux chevaliers teutoniques,
    Comme les lépreux sataniques,
    Et dont la descendance princière et millénaire,
    Pour toujours, un jour quitta la terre.
    C'est au creux d'une lagune
    Dont il cheminait les dunes
    Qu'un soir de lune,
    Descendant du ciel en spirales,
    Tombèrent les anges des étoiles.
    
    Tenant à peine debout,
    Ensevelis par la boue,
    Le sable mou,
    Leur semblant comme autant de serpents,
    Ils détruisirent tout en un instant.
    Depuis longtemps,
    Depuis longtemps
    Riche de tout
    Comme un coquillage
    Dont la coquille est sans âge,
    Salomon ignorait d'autres rivages.
    
    Par delà les plus hauts monts,
    Au milieu des goémons,
    Vivait Salomon,
    Pareil aux preux chevaliers teutoniques
    Comme les lépreux sataniques,
    Et dont le descendance princière et millénaire
    Pour couvrir son corps creusa la terre.
    Les fossoyeuses marines
    Trouveront dans sa poitrine
    Tant de vermines
    Qui malgré les prêtres d'Orion,
    Se nourrissant de lui, revivront.
    
    Depuis longtemps,
    Depuis longtemps
    Jaloux de tout,
    Debout dans leurs caravelles,
    Ce peuple aux formes nouvelles
    Fit tomber nos citadelles
    D'un coup d'aile.
    Orion ne reverra plus jamais le pays
    Et la lune, sa sœur, aura, bien loin d'ici,
    Des ailes.
    Orion n'aura jamais s'il faut, pleuré, grandi,
    Quoiqu'aura bien vécu du moins à ce qu'on dit
    Sans elle.
    Les cieux comme un taudis
    Privés de leurs dentelles
    Baissent les yeux.
    
    Nous,
    Par le droit que nous donne notre âge
    Réduisons nos fils à l'esclavage,
    Ensemble.
    Si demain chacun d'eux nous ressemble,
    Il faudra faire en sorte
    Qu'aucun d'eux ne ressorte
    Du monde dont nous fermons les portes.
    
    Que la légende d'Orion
    Soit morte.
    
    chanson de Gérard Manset 
    
    GERARD MANSET "Il voyage en solitaire"
    [fichier]
    @@@300@@@300[/fichier] 

  • Commentaires

    1
    visiteur_EllFira
    Jeudi 3 Mai 2007 à 20:58
    Soir sab :-) merci pour cette chanson que j'aime beaucoup, G?rd Manset est un "voyageur", un gd ;-) et ses textes sont magnifiques.C'est ma m? qui me l'a fait connaitre, il y a des lunes de ?et c'est tjrs avec un ?rme plaisir que je l'?ute car il a beaucoup de choses ?s dire ;-)
    bise
    Marie
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