• L'inquisition 3ème partie

     

     

    La torture

    Bernard Gui ne mentionne que très rapidement la torture dans son Manuel. Quant à Nicolas Eymeric, il estime que celle-ci est trompeuse et inefficace.
    Les procès verbaux du Midi de la France où l'Inquisition eut une grande activité ne la mentionnent que rarement. Il en est de même de l'Inquisition de Provence et du nord de la France.

    La torture était utilisée dans une certaine mesure et dans certaines conditions.
    Elle ne devait ni provoquer la perte d'un membre, ni entraîner la mort de l'accusé.
    Les manuels d'Inquisition précisent que la « question » ne devait être infligée que dans des cas graves, lorsque les préventions de culpabilité étaient fort sérieuses et quand tous les autres moyens d'investigation étaient épuisés.
    L'Inquisition n'a pas inventé la torture : elle existait déjà dans les procédures laïques.
    L'Eglise exprima pendant longtemps son hostilité vis-à-vis de l'utilisation de la torture par les tribunaux laïcs.

    Nicolas Ier (800-867) fit part de son désaccord en déclarant que ce moyen d'enquête « n'était admis ni par les lois humaines, ni par les lois divines ; car l’aveu doit être spontané ».

    Au XIIIe siècle, la justice séculaire rétablit cette pratique. L'Inquisition l'adopta aussi.

    Le 15 mai 1252, Innocent IV l’autorisa pour provoquer des « aveux spontanés » (bulle "Ad extirpenda").

    Les papes Alexandre IV (+1261) et Urbain IV (+1264) firent de même.

    Clément V, en 1312, au concile de Vienne, promulgua, les constitutions "Multorum querela" et "Nolentes" qui exigeaient la collaboration des inquisiteurs et des évêques pour tous les actes importants de la procédure ainsi que pour la mise à la torture, la promulgation des sentences et la gestion des prisons.

    En 1662, sous le pontificat de Alexandre VII, une « Instructio » du Vatican dénia force de preuve aux aveux arrachés sous la torture.

    Sentences et peines

    Les débats étant terminés, la défense ayant dit son dernier mot, il n'y avait plus qu'à prononcer la sentence. Pour ce faire l'inquisiteur prenait avis de ses associés, ainsi que des « boni viri ».

    Les sentences étaient proclamées dans des assemblées solennelles et publiques que l'on appelait « sermo generalis » ou « auto da fe ». Là, on y réfutait l'hérésie, on prêchait sur la foi et sur le grave danger de l'erreur.

    Les hérétiques qui avaient accompli leur pénitence ou en avaient obtenu remise étaient rendus à la liberté.

    Ceux qui venaient d'être condamnés à ces mêmes pénitences les entendaient proclamer, puis ils abjuraient.

    Les sentences qui comportaient des peines afflictives étaient lues avant que les hérétiques soient livrés à l'autorité civile, c'est-à-dire condamnés à payer des amendes, à faire de la prison ou à être mis à mort.
    On alla jusqu’à condamner des hérétiques défunts : les cadavres étaient exhumés et jugés puis on les traînait dans les rues avant de les brûler.

    La peine du feu n'est pas d'origine inquisitoriale. On entend souvent dire qu'elle était utilisée par superstition pour chasser l'hérésie, c'est faux : le bûcher servait déjà à la justice laïque (le premier bûcher connu de l'histoire occidentale fut allumé à Orléans en 1022).

    L'Eglise interdisait formellement que le condamné subisse des supplices accessoires comme la dislocation, l'application de fers rouges ou la mutilation d'un membre avant son arrivée sur le bûcher.

    Comme le rôle de l'Inquisition était surtout de "remettre" les égarés dans le droit chemin, les inquisiteurs préféraient les peines canoniques aux peines civiles.
    Ces peines canoniques étaient les seules infligées à ceux qui avaient comparu pendant le temps de grâce.
    On comptait parmi elles : l’assistance à la messe paroissiale, la fustigation au cours de la messe, les visites aux églises, les pèlerinages, les prières, les jours de jeûne, l’entretien d’un pauvre, le port d'un vêtement de pénitent ou le port de la croix d’infamie sur les vêtements, les dons en numéraire aux églises (pour l'achat d'un calice par exemple)…
    Ceux qui s'étaient rendus coupables de fausses accusations étaient marqués par deux bandes d'étoffe rouge cousues sur l'extérieur de leur vêtement.

    Les juges de l'Inquisition pouvaient accorder des dispenses aux prisonniers, commuer leurs peines ou les atténuer.

    2. Repentance de l’Eglise romaine

    L’Eglise romaine déclara en 1968 que Galilée n'aurait pas dû comparaître devant le tribunal de l’Inquisition.

    Le 31 octobre 1992, Galilée et ses juges furent absous par Jean-Paul II.

    Le 12 mars 2000, lors d’une cérémonie pénitentielle, Jean-Paul II demanda solennellement pardon pour les fautes commises par les croyants de l'Eglise (croisades, Inquisition, guerres de religion, persécutions, excommunications, mépris et actes d'hostilité et de silence envers les Juifs, esclavagisme, racisme, attitude envers les femmes, contre la justice sociale, etc.)

    Le 15 juin 2004, Jean-Paul II autorisa la publication des actes d’un symposium de théologiens et d’historiens tenu sur l’Inquisition, un dossier de 783 pages dans lequel le pape manifestait le repentir de l’Eglise romaine.

    A
    uteur : Jean-Paul Decoeurtyte.
    Référence publication
    : Compilhistoire.
     

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